« Agences de voyages, transformez-vous ! » C’est ce que semblent dire les touristes et voyageurs consultés sur les comptes Instagram d’influenceurs, qui attendent des professionnels qu’ils intègrent une vision durable à leurs offres.
Vous l’avez peut-être vue passer : le 15 février dernier, nous avons publié dans TourMag une enquête auprès d’influenceurs sur leurs attentes en termes de tourisme et d’éco-responsabilité. La réponse est claire et unanime : les répondants attendent des professionnels – et des agences de voyages en particulier, qu’ils se tournent vers le tourisme durable.
Plus de 5000 personnes ont répondu à l’appel. Il n’est pas toujours facile de définir ce qu’est le tourisme durable, et vers où aller. Mais ce qui semble évident, c’est que l’écrasante majorité veut essayer. Moins d’avion, des voyages plus longs et plus lents, des rencontres avec les locaux, ils ont tous des idées et attendent des agences de voyages des solutions.
En filigrane, l’étude montre, aussi, que les professionnels ont du mal à communiquer sur leurs démarches ou leurs offres lorsqu’elles sont éco-responsables. Beaucoup assimilent le tourisme durable au greenwashing et c’est, de notre point de vue, un défaut de communication et de transparence.
Nous nous sommes appuyées sur 11 influenceurs qui ont chacun posé nos questions à leur communauté. Ce travail a été mené par Nouvelle Lune agency. Membre du collectif, sa fondatrice Marelune Yvinec a accepté de nous dévoiler les coulisses de son travail.

Bonjour Marelune, tu es la fondatrice de Nouvelle Lune agency, est-ce que tu pourrais nous en dire plus sur ton travail ?
Nouvelle Lune agency, c’est une agence de communication digitale pour les acteurs du tourisme durable. Nous y proposons de la stratégie de marque, de la gestion opérationnelle et de la formation. Avant de monter cette agence, j’ai longtemps travaillé dans l’influence marketing. À la fois dans la mise en place d’opérations marketing, mais aussi dans la gestion d’équipe et la création de process. J’ai eu à cœur de professionnaliser la démarche. C’est ma spécialité au sein du collectif.
Pourquoi avoir lancé cette étude ?
Il y a quelques mois, TourMaG a publié un article qui a fait beaucoup de bruit, où des réseaux d’agences de voyages expliquaient que le durable n’était pas prioritaire pour eux. On a voulu réagir à l’article et voir ce qu’en pensaient les voyageurs. Nous ne sommes pas IPSOS, nous n’avons pas la prétention de faire un sondage. Mais faire réagir les communautés des influenceurs, cela permet de cibler et d’avoir une remontée de chiffres intéressante.
Quelle a été ta méthodologie dans cette enquête ?
Nous avons sélectionné 11 influenceurs voyages, en prenant soin de ne pas choisir que des comptes « tourisme durable » pour ne pas fausser les résultats et avoir un panel plus large. Parmi les comptes sélectionnés, certains ne se sentaient pas légitimes et ont eu peur des haters qui les accusent de greenwashing. Parmi ceux qui ont participé, il y a des gens très engagés, et d’autres se posent des questions, mais tous ont des valeurs proches des nôtres.
Nous avons d’abord créé des questions que nous leur avons soumises. Ils ont ensuite créé des stories sur leurs comptes, avec un écran présentant notre démarche et le collectif, plusieurs avec l’outil de sondage Instagram facile d’utilisation (des réponses en oui – non) et quelques boîtes à questions.
J’ai ensuite récupéré les réponses, que j’ai classées en tableau pour faciliter l’analyse.
Quelles sont les réponses qui te semblent les plus marquantes ?
Il y a eu des réponses très similaires partout : les questions de l’avion et de la gestion des déchets sont récurrentes. Mais au-delà, ce qui m’a étonné, c’est le fait qu’ils n’avaient pas une définition claire du tourisme durable. Et c’est vrai que ça n’est pas simple, mais je crois que le concept est assimilé comme la pratique d’un tourisme qui permet d’avoir un impact minimum. Ça peut passer par 1000 choses, qui mènent à respecter ou mieux se rapprocher de l’environnement.
L’autre point marquant pour moi, c’est que beaucoup de réponses assimilaient « tourisme durable » et “greenwashing ». Pour eux, impossible de voyager de manière responsable. Ce sont des leviers intéressants pour nous, professionnels du domaine : il y a clairement un manque d’éducation, de connaissance en la matière.
Que penses-tu des retombées de l’enquête et de l’article publié dans TourMag mi-février ?
Il y a eu pas mal de retentissements. L’article, déjà, a eu un beau succès et puis on a eu des bons chiffres sur les réseaux sociaux. Sur Instagram avec des stories et des partages, sur LinkedIn aussi l’article a été bien repris et donc bien diffusé. C’est un message fort pour les professionnels : j’ai eu des retours de petites agences qui étaient contentes parce qu’elles font des efforts et que ça leur parle. Je retiens aussi un commentaire sur LinkedIn que j’ai trouvé intéressant, et qui disait que s’il faut écouter le client, il faut aussi lui proposer des alternatives. Même si je ne partage pas leur point de vue, je peux comprendre que les très gros disent qu’ils n’ont pas de demande en matière de durable et que ce qu’on leur demande, c’est un tour d’hélico. Mais ils sont prescripteurs : ils doivent donner le choix aux clients.
